Parution Revue la faute à Rousseau N° 35
... "Les plus belles heures est une série d’images peintes fixant le meilleur moment du jour passé -
Série de 900 images en 2018
Première série, septembre 1990 – 1991, deuxième série, 1996 -1997,
troisième série, 2005 - 2010 , quatrième série , 2014 – 2017
Gouache sur papier 19,5 X 28 cm
Actuellement, la fabrication des images se poursuit sur un rythme libre
Obligée à rien, principalement obligée à rien, un temps de rien, ‘’Les plus belles heures’’ ne parlent principalement que de cela, des micro-temps qui sont le temps des secondes qui font qu’une vie peut être partagée avec soi-même, dans le consentement. ‘’ Les plus belles heures’’ disent d’accord avec ma vie pour les secondes que je viens d’en vivre.
Par nature, par réflexes, je peins l’immédiateté de là où il ne se passe rien. Un temps protégé où rien ne peut m’arriver dans ce moment là. En me peignant, en me dessinant, je rentre dans le vrai, je me fabrique. Ma peinture représente ma vie car c’est sa seule part tangible.
J’ai eu souvent le doute entre le vrai et le faux, le flou dans le jeu de fiction avec moi-même. C’est là que la représentation et la notion d’images prennent leurs enjeux. Sont-elles profondes, suffisamment pour dire de vraies choses ? Est-ce bien moi ? J’ai exposé ces images, une fois, deux fois, dix fois… je fais route avec elles. Elles me suivent et inversement.
Sans double fond, ‘’les plus belles heures’’ et leur personnage en mouvement s’exposent dans leurs limites stylistiques, elles ne cachent pas l’effort de l’auteure et son implication à se tenir à l’intérieur de sa figure et de son cadre.
Un personnage est né. Il a réussi à m’identifier. Je me vois et on me voit. Il me remplace. Je le fais bouger et parler. J’ai conçu pour lui des films où il se déplace, où il est tout à son aise pour dire et penser à ma place. Il est devant moi, à l’avant de moi, il me présente, il est mieux que moi, je me présente toujours et d’abord en peinture.Le jour où j’ai fais cette première peinture, je me souviens très bien avoir cherché longtemps ce qui me serait utile, que je pourrais faire sans les autres et leur appréciation, qui ferait que même pas vu, il tiendrait le temps. Le temps, il faut absolument le ralentir. Je peins et j’attends, j’attends que ça s’arrange ou que ça ne s’abime pas. De principe, ‘’les plus belles heures’’ est une peinture d’attente, mais faute de mieux, elle console de certaines peurs : pertes et gains du temps passé et à passer. Obligée d’exister et de ne pas faire semblant, rester présentable. Il suffit de rentrer dans cette petite machine suffisamment naïve pour imaginer fabriquer du temps.
Pour la difficile question du ‘’quoi représenter’’, je savais que j’allais introduire une multitude de sujets, de nouveaux genres, et que j’allais ainsi revisiter de très nombreux sujets picturaux. Il m’a souvent été conseillé de les retravailler, de les filmer, de les projeter, d’en faire des livres. Rien de cela n’a été fait, peut-être ainsi sont-elles bien ainsi..."